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Broméliacées, une vie aquatique au cœur du végétal

• 2018/numéro 29 par Bruno Corbara

• Compléments bibliographiques sur l’étude des Broméliacées de Guyane, sur le site du programme ANR RAINWEBS 

D’autres réservoirs habités

Les réservoirs des broméliacées ne sont pas les seules petites réserves d’eau non libre accueillant des micro-écosystèmes aquatiques. Des dépressions dans la roche qui recueillent l’eau de pluie de façon plus ou moins permanente – les rock-pools des anglo-saxons – peuvent également héberger de nombreux êtres vivants.

Les plantes quant à elles sont à l’origine de toute une variété de réservoirs aussi appelés phytotelmes (du grec phyto, plante et telma, mare). Ainsi, de la même manière qu’une rock-pool mais avec une durée d’existence plus réduite, une cavité dans le bois dur ou une tige cassée de bambou peut retenir de l’eau. Néanmoins, les phytotelmes les plus intéressants sont ceux qui, à l’instar des réservoirs des broméliacées, sont délimités par des tissus végétaux vivants.

Très souvent, dans cette situation, la plante n’est pas qu’un conteneur passif : par les composés qu’elle libère, elle “sélectionne” les habitants du phytotelme et interagit avec eux. Ainsi, les caractéristiques physico-chimiques de l’eau des broméliacées (par exemple des conditions généralement acides) influent sans doute le choix préférentiel du site de ponte par certaines femelles d’insectes et la survie de leurs larves aquatiques. Des plantes carnivores à “pichet” (pitcher plants en anglais) telles que les népenthes d’Asie du Sud-Est (c’est aussi le cas, en zone tempérée, des sarracenias d’Amérique du Nord), peuvent héberger des communautés adaptées à la vie dans un fluide riche en enzymes dont la fonction – paradoxalement – est de digérer les invertébrés.

Un exemple de phytotelme délimité par les bractées florales de cette Heliconia (cliché Creative Commons).
Une plante carnivore à pichet d’Indonésie, Nepenthes rafflesiana (cliché Creative Commons).

Plantes carnivores à pichet et broméliacées à réservoirs tirent une part importante de leurs nutriments de leurs containers respectifs. Elles se distinguent en ce que, par définition, les plantes carnivores synthétisent elles-mêmes les enzymes du fluide digestif, alors que les broméliacées se contentent de récupérer des nutriments résultant du métabolisme des organismes du phytotelme.

Une plante carnivore à pichet d’Amérique du Nord, Sarracenia purpurea (cliché Creative Commons).